Si je peux sentir dans la peur de l’amour qui étouffe

Parce qu’il s’est vu maintes fois refusé à la vie,

Et si je sens dans l'amour la musique du corps

Imperceptiblement rentrer dans la transe de Dieu,

Et si je peux déplacer l’attention qui se fige

De menace en réponse, de colère en accueil,

Je suis un Ange mon père.

 

Si je peux sentir dans l’injure la souffrance blottie

Dans les recoins de l’autre et dans ma propre blessure,

Et si je vois mon index désigner les erreurs

En sachant simplement que je me montre du doigt,

Et si je vois dans la souffrance ombrageant l’existence

La lumière qui me la montre en riant aux éclats,

Je suis un Ange mon père.

 

Si je peux voir la vérité comme émanant de mes certitudes

Et le réel venir de ce que je crois qu’il est,

​Si j'entends dans les mots le silence qui s'y cache

Et la vérité de l’autre, et ma propre vérité,

Et si je peux regarder dans mon cœur comme dans un pur miroir

Se mirer le Silence et l’amour absolu,

Je suis un Ange mon père.

 

Oh! Puis-je me fondre dans la lumière sans en ternir l’éclat

Et vivre au cœur des choses sans en être le centre

Et me sentir partout comme je me sens chez moi

Dans l’espace infini que l’amour m’a donné.

Et si je peux vivre sans regret ni couronne

Et prendre congé de mon corps dans la joie,

Je suis un Ange mon père, je suis un Ange.